C'était l'histoire d'une photo et d'un livre qui étaient faits pour se rencontrer !
Plongée dans un roman qui attendait sur les étagères depuis que je l'avais choisi... (juste par son titre !)
Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy, Folio, 2010, (éditions Verticales, 25 août 2008).
Un style incisif, juste et percutant ! Dès les premières lignes, je suis happée !
Et alors, je le déguste : en lis peu et m'imprègne de l'écriture...
Puis, je me souviens enfin de ce lien avec LA réalité que j'avais attrapé au vol sans le savoir !
Morceaux choisis !
" Pourchasser des gosses à travers les rochers lui collait des pieds de plomb, il consentait donc au strict minimum - parfaitement exécuté cependant. Mais voilà : l'an dernier, à la suite d'un pari stupide et passablement alcoolisé, un garçon de seize ans s'était tué en sautant depuis le tablier du pont de la Fausse-Monnaie, soit quinze mètres de hauteur pour cinquante centimètre d'eau, la mort sur le coup. Fort de ce drame qu'il s'attacha à déplorer via les journaux locaux et autres prises de parole publiques, le Jockey réussit à faire voter un arrêté municipal interdisant les plongeons depuis la corniche, ce qui l'autorisait dorénavant à exiger des résultats comptables. Oui, grâce à lui, grâce à son action, la ville serait enfin tenue - rênes courtes ! rênes courtes ! allait-il répétant, écuyer plein de hargne-, on saurait rétrécir peau de chagrin le champ d'action des gosses et l'amplitude de leur mouvement, on saurait assourdir leurs cris, calmer leur jeu, étouffer leur déconne, on réussirait à désensauvager la zone- c'en serait fini d'Acapulco." page 51.
Des lignes sur les protagonistes de cette enquête !
" Puisque frimer précisément, tchatcher, sauter, plonger, parader, c'est ce qu'ils font quand ils sont là, c'est ce qu'ils viennent faire. La Plate est une scène où ils s'exhibent, terrain de jeu et place des lices, puisque filles et garçons, c'est un tournoi : il s'agit de se foncer dessus sans esquiver le rituel. Le prologue est invariable : les filles s'installent à proximité de l'échelle, en bordure de Plate, quand les garçons, eux, se regroupent sur les rochers, en recul, partition sexuelle du terrain vouée rapidement à l'explosion..." page 17
Le reste ? Je vous le laisse lire ! Régalez-vous comme je me suis régalée !
Mais peut-être faut-il être d'ici pour apprécier toutes ces subtilités ? Qu'en pensez-vous ?